Carolin Emcke: Wie wir begehren.
S. Fischer Verlag,Frankfurt am Main, 2012.

« Être homosexuel/le, ce n’est pas bien ou mal, c’est », écrit Carolin Emcke dans Wie wir begehren (« Nos Désirs »). Dans ce texte autobiographique, Carolin Emcke, journaliste et auteure homosexuelle née en 1967, raconte son enfance et sa jeunesse dans l’Allemagne des années 1970 et 1980 ainsi que la quête d’une langue et d’une manière de vivre exprimant sa différence et un désir encore indéterminé. En des temps, donc, où une chape de silence pesait sur l’homosexuel dans sa vie privée et publique ainsi que dans les médias, où il était présenté comme quelqu’un qui souffrait de son homosexualité, comme un criminel ou un malade…

„Es ist nicht gut oder schlecht, homosexuell zu sein, es ist“, schreibt Carolin Emcke in „Wie wir begehren“. Die 1967 geborene, homosexuelle Autorin und Journalistin erzählt in ihrem autobiographischen Text von Kindheit und Jugend im Deutschland der siebziger und achtziger Jahre und vom Versuch, Sprache und Lebensausdruck für das eigene Anderssein und ein noch unbestimmtes Begehren zu finden. Also in Zeiten, in denen der Homosexuelle im privaten und öffentlichen Leben, aber auch im Bereich der Medien verschwiegen, als an seiner Homosexualität Leidender präsentiert oder kriminalisiert bzw. pathologisiert wurde…

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Allemagne, norme pleine:
jeune, homo dans les années 70 et 80 von Thomas Jonigk

Carolin Emcke: Wie wir begehren.
S. Fischer Verlag,Frankfurt am Main, 2012.

« Être homosexuel/le, ce n’est pas bien ou mal, c’est », écrit Carolin Emcke dans Wie wir begehren (« Nos Désirs »). Dans ce texte autobiographique, Carolin Emcke, journaliste et auteure homosexuelle née en 1967, raconte son enfance et sa jeunesse dans l’Allemagne des années 1970 et 1980 ainsi que la quête d’une langue et d’une manière de vivre exprimant sa différence et un désir encore indéterminé. En des temps, donc, où une chape de silence pesait sur l’homosexuel dans sa vie privée et publique ainsi que dans les médias, où il était présenté comme quelqu’un qui souffrait de son homosexualité, comme un criminel ou un malade. Dans un quotidien normatif, il n’y avait pas de place pour un autre désir que celui de l’homme hétérosexuel occidental : Emcke se souvient du sport et des vestiaires (« lieux normatifs excluant toute ambiguïté »), des cours d’éducation sexuelle, où le plaisir et la corporalité étaient réduits à l’homme, la femme et la procréation – elle se rappelle le sentiment de ne pas faire partie de ce monde, son isolement émotionnel. Les descriptions détaillées d’un quotidien répressif et involontairement comique ne confinent pas le livre dans l’anecdote ; au contraire, il se distingue, dans un souci de vérité, par une vue personnelle sur la beauté du désir et la nécessité d’une imagination non censurée. En effet, même s’il existe en Europe occidentale un nombre croissant de tentatives pour décrire les homosexuels, les modèles restent déterminés de l’extérieur, fixés, et contraints soit à l’adaptation, soit à l’exotisme. Il n’existe pas de société où les questions d’égalité et de différence ne jouent plus aucun rôle ; en revanche, nombreuses sont les régions du monde où le fait d’être homosexuel (ou d’être une femme) est toujours synonyme de privation de droits, voire de danger. Cela rend d’autant plus convaincant le fait que Carolin Emcke, au lieu de s’intéresser aux causes des formes spécifiques (par exemple homosexuelles) du désir, insiste sur leur existence de principe.
J’ai grandi en Allemagne dans les mêmes années que Carolin Emcke, je suivais des cours d’éducation sexuelle et d’éducation physique, je me suis senti inférieur et étranger. C’est seulement la lecture de La Conséquence d’Alexander Ziegler qui m’a permis de pressentir le respect que j’aurais un jour pour moi-même et mon désir. La littérature peut sauver des vies. Nos Désirs possède cette force-là.

„Es ist nicht gut oder schlecht, homosexuell zu sein, es ist“, schreibt Carolin Emcke in „Wie wir begehren“. Die 1967 geborene, homosexuelle Autorin und Journalistin erzählt in ihrem autobiographischen Text von Kindheit und Jugend im Deutschland der siebziger und achtziger Jahre und vom Versuch, Sprache und Lebensausdruck für das eigene Anderssein und ein noch unbestimmtes Begehren zu finden. Also in Zeiten, in denen der Homosexuelle im privaten und öffentlichen Leben, aber auch im Bereich der Medien verschwiegen, als an seiner Homosexualität Leidender präsentiert oder kriminalisiert bzw. pathologisiert wurde. Anderes Begehren als das des westlichen, heterosexuellen Mannes wurde im Rahmen normierten Alltags nicht gedacht: Emcke erinnert sich an Umkleidekabinen beim Sport, („Orte der Normierung, die Eindeutigkeit verlangten“), an Sexualkundeunterricht, in dem Lust und Körperlichkeit auf Mann, Frau und Reproduktion reduziert wurden – und daraus resultierende Unzugehörigkeitsgefühle und emotionale Isolation. Trotz detaillierter Schilderungen repressiven wie unfreiwillig komischen Alltags wird das Buch nie anekdotisch, sondern zeichnet sich durch eine persönliche, der Wahrheitsfindung verpflichtete Sicht auf die Schönheit des Begehrens und die Notwendigkeit unzensierter Phantasie aus. Denn auch wenn in Zentraleuropa zunehmend positive Beschreibungsversuche für Homosexuelle existieren, so sind auch diese festlegende und fremdbestimmende Wahrnehmungen, zu Anpassung oder Exotik verpflichtend. Eine Gesellschaft, in der Fragen nach Gleichheit und Differenz keine Rolle mehr spielen, existiert nicht, hingegen gibt es zahlreiche Regionen der Welt, in denen homosexuelles (ebenso wie weibliches) Sein noch immer ein entrechtetes bzw. gefährdetes ist. Desto überzeugender, dass Emcke sich nicht für Ursachen von spezifischen (z.B. homosexuellen) Formen des Begehrens interessiert, sondern deren grundsätzliche Existenz betont: das Ebenbürtige und Beglückende des jeweiligen Andersseins.
Ich bin zur gleichen Zeit wie Carolin Emcke in Deutschland aufgewachsen, habe den Sexualkundeunterricht besucht, die Sportstunde, mich als minderwertig und unzugehörig verstanden. Erst die Lektüre von Alexander Zieglers „Die Konsequenz“ hat mir eine Ahnung von der Achtung gegeben, die ich eines Tages für mich und mein Begehren haben würde. Literatur kann Leben retten. „Wie wir begehren“ hat diese Kraft.

par Thomas Jonigk, traduit de l’allemand par Bernard Banoun

(erschienen in : Libération, 20. 12. 2012)